Quand j’étais enfant, on ne parlait pas de “HP”, de “surefficience” ou de “surdouance”. Je n’ai jamais passé aucun bilan.
Mes premiers résultats scolaires n’avaient rien de remarquable. J’étais une élève moyenne, si ce n’est que je mettais beaucoup plus de temps que d’autres à effectuer certaines tâches.
Copier dans mon cahier les phrases notées au tableau me prenait une éternité. Souvent, je devais poursuivre au-delà de l’heure prévue et couvrir le retard pris sur les autres élèves. Ma lenteur légendaire ne se limitait pas à la réalisation des exercices scolaires.
Ma grand-mère avait eu la tendresse de me tricoter une écharpe d’une longueur kilométrique pour éviter que je ne prenne froid dans la cour de récréation. Mais il m’arrivait souvent de ne pas même avoir l’occasion de fouler les pavés : j’avais pris tant de temps à terminer ma copie, à retrouver mon goûter écrasé au fond de mon sac et, surtout, à m’entortiller dans cette fichue écharpe, qu’à peine arrivée au seuil de la classe, la cloche, cruelle, annonçait déjà la fin de la récré.
Mon institutrice, Madame P., avait la patience d’un ange et me souriait, avec compassion, pour m’inviter à retourner à ma place. Elle avait coutume de dire à ma mère que j’avais un vrai “potentiel” que je n’avais pas encore exprimé. Mais elle était convaincue qu’en grandissant, je pourrais réaliser infiniment plus…
Un commentaire
c’est magnifiquement décrit, merci