La difficile équation HP
Beaucoup d’ouvrages sur les HP ou zèbres donnent des conseils pour aider l’enfant zèbre à surmonter ses difficultés émotionnelles, relationnelles, scolaires,… Mais peu soulèvent l’épineuse question de la parentalité zèbre : autrement dit, comment le parent zèbre peut-il aider son zébrion ? Une vraie équation HP²…
Prendre conscience de sa propre zébritude
Quand un parent zèbre cherche une solution pour son enfant zèbre, la démarche revient à résoudre une équation HP du second degré… Confronté à son propre vécu zèbre, parfois semé d’embûches, il comprend et ressent les difficultés de son zébrion, grâce à ses formidables capacités d’empathie. Mais, en même temps, il se sent parfois démuni pour l’accompagner et l’aider à apprivoiser sa zébritude, étant lui-même souvent en questionnement par rapport à son identité et à son fonctionnement.
Pour paraphraser “Aide-toi et le Ciel t’aidera”, la première étape salutaire pour le parent zèbre consisterait donc à commencer par s’aider lui-même. L’urgence de cette prise en main est accrue par le retard accumulé par ma génération d’adultes zébrés, qui n’ont pas été diagnostiqués dans leur enfance, ont grandi dans l’ignorance d’une part essentielle de leur identité et, pour certains, avec les dommages causés par cette ignorance.
Une prise de conscience tardive
La prise de conscience de son identité “zèbre” est loin d’être simple pour l’adulte que je suis. Le plus souvent, les adultes HP qui n’ont pas été identifiés dans leur enfance ne réalisent que tardivement l’originalité de leur personnalité, même s’ils ont toujours perçu confusément qu’ils étaient différents des autres enfants, adolescents et adultes.
En réalité, comme l’exprime admirablement Jeanne Siaud-Facchin dans l’introduction de son ouvrage Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué (Odile Jacob, 2008), beaucoup ne se reconnaissent comme zèbres qu’à travers le diagnostic de leur enfant, par “un processus d’identification à l’envers : habituellement ce sont les enfants qui, pour grandir, s’identifient à leurs parents. Dans ces consultations où l’on parle de l’enfant et où l’on explique aux parents son mode de fonctionnement, c’est le parent qui se reconnaît et s’identifie à son enfant” (ibidem, p. 13).
Le déni de son identité
Quand enfin l’adulte zèbre prend conscience de son identité, il arrive qu’il mette du temps à l’accepter. Dans certains cas, il s’agit d’un véritable déni d’identité, car le zèbre ne peut imaginer qu’il soit HP, “Haut Potentiel”, c’est-à-dire qu’il colle à ce terme, empli de croyances et de malentendus, dans lequel il ne se reconnaît pas.
Même s’il est bouleversé par la consultation de son enfant qui fait écho à son propre vécu, il se refuse à croire qu’il ait pu ignorer un trait aussi essentiel de sa personnalité si longtemps, et, en proie au doute permanent, qu’il soit doté d’un quelconque “potentiel” qui le distingue des autres.
Il lui faudra certainement du temps et des circonstances de la vie, faites de rencontres, de lectures, de témoignages, pour oser lever le voile sur ce qu’il a pressenti et libérer la parole.
Apprivoiser ma zébritude
C’est donc à travers le diagnostic de mon fils que moi aussi, progressivement, j’ai pris pleinement conscience de mon identité, d’abord timidement, en reconnaissant l’écho de mon propre vécu, puis de façon évidente et immédiate, au gré de ces fameuses “circonstances de la vie”.
Aujourd’hui, quatre ans plus tard, je parviens enfin à en parler autour de moi. Et plus j’en parle, plus j’explique et témoigne, plus je constate que le phénomène est loin d’être isolé. Lors de ces échanges, je perçois parfois une lueur dans le regard de mon interlocuteur ou un moment suspendu, et soudain, la parole fait écho à un autre vécu ou au souvenir d’un proche.
Depuis cette prise de conscience, je mets en place des outils et stratégies pour apprivoiser ma zébritude, notamment par la sophrologie. Cette méthode de développement personnel me permet de prendre conscience de l’ici et maintenant, dans la corporalité, mais aussi de mes valeurs et motivations profondes dans l’existence, ainsi que des liens de sens entre divers événements vécus.
En m’ouvrant à ces dimensions de l’être, je m’efforce d’interagir au mieux avec le vécu de mon zébrion pour l’aider à progresser sur son propre chemin. Une première étape vers la résolution de l’équation HP²…